Parfois, oser parler du projet qui nous tient à coeur permet de faire de belles rencontres sans même qu’on s’y attende! Ce fut le cas avec Eric MALL, révélateur de joie et nature en Alsace -Vosges du Nord, vidéaste amateur passionné de son territoire! Merci à l’office de tourisme de La Petite Pierre d’avoir réalisé la connexion!
Depuis déjà quelques années, ce vidéaste en Alsace offre avec poésie des reportages nature mettant en scène la faune et la flore telles qu’elles s’offrent à nous si on prend le temps d’apprécier. Il va également à la rencontre de personnalités pleines de talent et de vie: des créateurs comme Didier le potier ou encore Justine, cueilleuse de plantes et créatrice de tisanes emplies de bienfaits.
Envie de plonger au coeur du territoire des Vosges du Nord à travers le regard d’Eric? Suivez-nous, par ici la lecture!
QUI EST ERIC MALL ?
Toujours difficile de dire qui on est. Je me définis comme quelqu’un qui est passionné, amoureux de la nature et de la vie en général. Tout ce que je fais dans ma vie, c’est un prétexte à rencontrer l’autre. Et quand je dis “l’autre”, cela peut aussi être un endroit. Parce que trouver un bel endroit, qui nous inspire, c’est aussi une belle rencontre. Oui, je suis un passionné d’images, qui aime aller à la rencontre des autres.
CAPTER DES IMAGES FAIT DU BIEN A L’ÂME, MAIS D’OU VIENT CET ATTRAIT POUR LA NATURE ET LE PAYSAGE?
Depuis tout petit, je suis très observateur. Quand je fais une randonnée ou un tour à vélo, je m’arrête assez souvent à différents endroits. Du coup, j’y vais souvent seul parce que sinon c’est insupportable pour les autres (rires).
J’observe des insectes, les nuages, j’ai toujours ma tasse de thé avec moi et je regarde. Plus je regarde et plus j’ai envie de regarder… Plus j’ai de l’amour pour ce qui m’entoure.
Cela peut paraître un peu niais mais c’est vraiment ce que je ressens. C’est quelque chose de très chouette et comme j’éprouve des émotions assez fortes, j’ai ce besoin de le partager.

A PARTIR DE QUAND EST NEE L’IDEE DE CES REPORTAGES NATURE EN ALSACE ?
J’ai tout de suite aimé le numérique. Dans les années 2000, tout devenait facile pour monter, mettre du son… En 2003, peu de monde avait des Macintosh, cela m’a plu. J’ai commencé à filmer des fêtes de famille, nos vacances etc… et juste avant le covid, j’ai fait une randonnée. J’étais frustré de devoir attendre les vacances pour pouvoir filmer. C’était trop rare, trop long. A ce moment là, j’ai eu l’idée d’aller à la rencontre de lieux et de personnes inspirantes.
J’avais tout de suite des personnes en tête, dont le restaurant Un Air de Campagne (premier épisode). Je me suis dis que si ça fonctionnait avec lui, si cela plaisait, je continuerai. Depuis, les épisodes deviennent de plus en plus longs, les gens ont de plus en plus de choses à me dire aussi.
COMMENT TROUVES-TU TES SUJETS,
NOTAMMENT DANS LES VOSGES DU NORD?
Pour la première vidéo, je savais ce que je voulais faire. Pour la seconde, la personne ne s’est pas sentie légitime. Mais étonnamment, chaque rencontre me laisse une porte ouverte, presque systématiquement sur autre chose. Soit c’est la personne qui va me l’apporter, soit le sujet vient à moi “presque tout seul”. Je reste attentif à ce qu’il y a autour de moi, je cherche vraiment la rencontre, la connexion, avec le lieu ou la personne.
Parfois, ce sont des musiques que j’entends et qui m’inspirent un sujet à y associer. Je regarde aussi le magazine Zut !, je trouvais les premiers très inspirants. Tout me nourris, même les podcasts que j’écoute. Alors les sujets viennent.
UNE ANECDOTE A RACONTER PENDANT UN TOURNAGE ? UNE RENCONTRE AVEC UN ARTISAN?

Un des tournages les plus marquants, c’est l’épisode avec Justine, “Les Cueillettes du Hönigsberg”. C’est une jeune femme qui habite dans une roulotte en bois. Elle a fait des études de géomètre, et à la fin, celles-ci n’avaient plus de sens pour elle. Elle est partie, avec son vélo, en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Asie plus globalement. Elle a fait des rencontres, qui lui montraient qu’on pouvait vivre autrement que la manière dont notre société nous enjoint à le faire. Lorsqu’elle est revenue en France, sa grand-mère venait de décéder et elle a hérité d’un terrain, aménagé en plateaux, entouré d’arbres centenaires.
En arrivant là-bas, j’ai ressenti une vie comme rarement ailleurs. Les oiseaux gazouillaient partout, des hérissons jouaient ensemble, des libellules volaient, même un serpent est passé et je ne parle pas d’un orvet! … plein de sons, plein de vie, comme un jardin d’Eden. Cette image m’a beaucoup marqué ! C’est mon épisode préféré, avec celui de Didier Fritz le potier de La Petite-Pierre, car c’est ce qui se rapproche le plus de ce que j’avais en tête, lorsque je me suis lancé.
COMBIEN DE TEMPS FAUT-IL POUR REALISER UN EPISODE DE REPORTAGE NATURE DANS SA GLOBALITE?
Il faut compter une trentaine d’heures, au moins. Pour Justine par exemple, j’ai passé deux jours complets avec elle pour pouvoir tout filmer. Au début, je restais deux heures et ensuite je partais. Mais plus ça avance, plus les plans doivent être pris en plusieurs fois, et donc pas le même jour.
Pour garder un œil neuf, de l’énergie, le plaisir de tourner. Il faut acquérir une certaine confiance avec les personnes. Au départ, on discute simplement ensemble, on créé une connexion entre nous, caméra éteinte, et puis tout doucement on y va.
ON PEUT APPRECIER DES PLANS FAITS PAR DRONE DANS TES REPORTAGES NATURE, EST-CE FAIT-MAISON?
Aujourd’hui, le pilotage de drone c’est assez simple, ce sont des caméras volantes. Tout dépend du drone et de la législation. Le mien a l’avantage d’être petit, je peux l’emmener facilement avec moi. En revanche, comme je recherche une certaine qualité d’image, il est à la limite de ce que j’accepte. Ce qui est important, c’est de varier les plans, tout en trouvant le bon équilibre et ne pas trop en mettre, pour ne pas s’ennuyer pendant le visionnage.
TON CONTENU EST DE GRANDE QUALITE, POURTANT DES VIDEOS MOINS PERTINENTES SONT PLUS REGARDEES SUR LA TOILE…
De manière générale, je n’ai pas un grand taux de visionnage mais je suis souvent entre 3000 et 5000 vues sur Facebook avec la possibilité d’échanger avec les gens ensuite. Je favorise vraiment cette plateforme pour cela. Sur Youtube, c’est moindre, mais c’est plus facile à partager pour l’envoyer à quelqu’un.
C’est quelque chose que je fais avant tout pour moi, ça nourrit mon âme. Un peu comme un musicien qui aurait besoin de jouer de la musique. Moi j’ai besoin de capter des images, et si après ça plaît, alors tant mieux! C’est toujours mieux de toucher plus de personnes mais je ne veux pas en faire mon métier, gagner de l’argent avec. Je suis à contre-pied des publics cible sur des plateformes comme Tiktok: je filme avec un rythme très lent, mes images sont plutôt contemplatives, je m’intéresse à des personnes dont les talents ne sont pas appréciés à la juste valeur ou ne sont pas très visibles.
FUJIFILM XT-4, QUEL INTERET DE FILMER AVEC CET EQUIPEMENT PAR RAPPORT A D’AUTRES REFLEX?
Cela me fait tellement plaisir que tu me poses cette question ! Aujourd’hui, le marché est principalement dominé par Canon, Nikon et Sony. J’ai choisi Fuji en revendant tout mon ancien matériel, parce qu’il y a cette sensibilité aux couleurs (directement en sortie de boîtier), qui ne sont pas retravaillées après.
Avec cette marque, tu peux choisir le type de pellicule que tu souhaites, avec énormément de caractères : certaines sont mieux pour le paysage, pour le détail de nature ou pour d’autres types de photos … Ce qui en fait un très grand atout. L’autre avantage, c’est “la dynamique”: les noirs sont très profonds, et lorsqu’il y a beaucoup de lumière, c’est très éclairé. Le contraste est saisissant!
La dernière raison pour laquelle j’ai choisi cet appareil, c’est que tout y est mécanique. Il y a beaucoup de molettes, ça peut faire peur au départ mais c’est simple d’utilisation. C’est très qualitatif, avec des matières nobles. Ces appareils photo Fuji ont une âme, et ça te donne envie de créer du contenu. Je ressentais pas du tout la même chose avec des appareils Sony.
Le XT-4 se trouve maintenant à 1200€, mais il n’est plus fabriqué. Sinon le XT-5 s’achète encore autour de 1690€ sans objectif. Le XT-50 a les mêmes capacités, et est un peu moins cher. Mais le plus important ce sont les optiques. J’en utilise plusieurs différentes dans mes reportages nature. Tout dépend du niveau d’exigence qu’on recherche pour capter les images.
Pour débuter, les Sony sont bien plus faciles, c’est du « plug-in-play », avec des préréglages. Sinon, pour filmer avec un Iphone, à partir du 10, cela filme très très bien ! Quitte à améliorer par la suite…
Mais tu sais, ce qu’il y a de plus important, ce n’est pas l’image, c’est le son. Si l’image est juste correcte, et que tu as un son génial, les gens vont regarder et apprécier, même pour un vidéaste amateur. L’inverse est insupportable.
COMMENT REALISER LA PRISE DE SON, CETTE VOIX-OFF DE LA NATURE ?
Je me suis créé une boîte à outils de sons: soit avec mon téléphone soit avec des micros (DJI en micro-cravate, comme la marque du drone, fonctionnant en bluetooth). Il y a donc celui de la caméra et j’ai toujours un micro sur moi que je laisse ouvert et j’utilise ce son. S’il manque un peu de son quand je filme, j’en rajoute un peu au montage en puisant dans ma boîte à outils.
Lorsque je vais filmer, je prends aussi un temps pour ne faire que des prises de son. Il n’est pas rare que sur mon montage, tu puisses voir six ou sept pistes de son!
Lors du montage, pour faire une transition douce entre les plans, le truc c’est de commencer le son du plan d’après à la vignette précédente, tout doucement. Tout se fait naturellement, pour accrocher l’attention par le son avant l’image.

PAJU, une veritable source d’inspiration
Tim & Time: « Les reportages de Passe-Moi les Jumelles, diffusés à la Radio Télévision Suisse (RTS), sont une véritable source d’inspiration. Ils résument eux-mêmes l’objectif à atteindre : « Contre la tyrannie du quotidien, bien loin de l’agitation effrénée de la Toile, Paju se contente de prendre l’air du temps. Et quel luxe ! Se recentrer sur l’essentiel, privilégier la rencontre, prendre le pouls de la nature et du silence, pour renouer avec les délices de la lenteur ! Comme une sorte d’antidote à la frénésie du monde moderne… » Et c’est clairement cette envie, qui relie Eric Mall a ses reportages. C’est également ce qui le relie au projet en développement de ce site internet: vous emmenez dans la poésie de l’Alsace, à travers sa Nature et ses habitants passionnés et créatifs, par des reportages en vidéo, en texte ou en dessin.
Eric: « C’est ça. PAJU, on a l’impression d’être dedans, avec la personne qui est interviewée. Il n’y pas de mise en valeur excessive des animateurs. Ils aiment la nature, et le principe du reportage, là où l’émission « Echappées Belles » est plutôt du journalisme. Cela existe depuis très longtemps, ils produisent toujours des épisodes régulièrement. »
Tim & Time: « Oui, même si la génération des scénaristes a changé. J’ai l’impression qu’ils tendent maintenant vers plus de séquences avec de l’action. Il y a moins de temps pris pour la lenteur… »
Eric: « Pour en produire soi-même, le secret, c’est de filmer beaucoup, et de faire des plans très courts. De manière que ce soit rythmé, que les personnes aient envie de regarder jusqu’au bout. Je te conseille de ne pas réaliser de longue durée au départ, le temps de prendre confiance. Lors du montage, à partir du moment où tu t’ennuies ne serait-ce qu’une seconde ou deux, c’est là qu’il faut couper, changer de plan! En février, je filme très peu, les couleurs et la nature sont pauvres, on obtient difficilement de belles images. Mais au printemps, cela va pouvoir reprendre, avec la nature qui se réveille. »
PROPOSER DES “MOMENTS A PART”, AVEC LES HABITANTS OU DES TOURISTES EN VISITE, EST-CE QUE CELA TE PLAIRAIT ?
Pourquoi pas!
Créer des mini-films de quelques minutes, capter du son et de l’image le temps de quelques heures en forêt ou dans la partie ancienne de la ville, et prodiguer mes conseils, en association avec l’Office de La Petite Pierre.

Merci Eric pour ces conseils et ces belles idées à développer, tu es véritablement un révélateur de joie et de nature!
Nous espérons les mettre en pratique avec ce printemps qui est désormais là! Il y a tant à regarder avec la nature en Alsace, et tous les artisans locaux qui exposent! Vous pouvez d’ailleurs les retrouver tous, au fur et à mesure de nos rencontres, dans notre rubrique thématique « Lumière sur les Artistes et Artisans » sur notre site internet.
Pour aller plus loin, retrouvez également tous les reportages et les publications d’Eric Mall sur son profil Facebook ou sa chaîne Youtube: L »Alsace Autrement »!
Disclaimer: Quelques erreurs ou approximations peuvent se glisser dans cet article. Sentez-vous libre de le compléter en apportant vos corrections en commentaire. Merci!